Pic de Bure, voie Desmaison
Mardi 15 juin 2021
Deux semaines après avoir fait demi-tour en voyant de loin le haut de la voie et le plateau de Bure avec une épaisseur de neige conséquente, nous sommes de retour avec Flo pour aller voir cette voie Desmaison au Pic de Bure en espérant que la chaleur a fait diminuer la quantité de neige qu'il restait fin mai. De loin, c'est nettement mieux, la face est sèche et il reste de la neige seulement sur la descente. C'est encourageant et nous montons dormir à la cabane du vallon de l'Âne. En arrivant, nous croisons une cordée qui revient de la Desmaison. Ils nous disent que la face est sèche mais que la descente est longue et pénible à cause de la neige, comme on s'y attendait.
Une courte nuit et le réveil sonne à 4h 30. Le petit déjeuner est rapidement avalé et nous nous dirigeons vers le pas du Follet que nous atteignons au lever du jour. La face se dévoile et impressionne par sa hauteur. Nous ne trouvons pas le rappel qui permet de passer le pas du Follet et sommes contraint de désescalader pour finir de se réveiller.
Le soleil arrive au pied de la voie au moment où nous commençons à grimper, timing parfait ! Flo attaque, une courte longueur pour s'échauffer et un passage en artif qui fait bien forcer sur les bras et je passe devant pour la traversée. La longueur suivante dans un mur raide n'est pas évidente et assez fine. On est dans le vif du sujet. La grande traversée plein gaz qui suit nous met définitivement dans l'ambiance. La suite est moins soutenue mais encore longue. L'escalade est magnifique et variée entre dalle, fissure et dièdre, on en prend plein les yeux dans ce décor très minéral.
Les longueurs s'enchainent bien, l'itinéraire est assez évident en regardent le topo. On arrive dans le dernier tiers de la voie qui présente encore quelques passages grimpants. Une dernière longueur dans une fissure large puis nous filons en corde tendu jusqu'au sommet. 7 heures après avoir mis les chaussons, nous en avons terminé avec les 600 mètres d'escalade sur ce pilier. Il ne reste plus que la descente qui a causé quelques problèmes à nos prédécesseurs. Nous choisissons de descendre par la combe Ratin, l'enneigement important rendant la combe de Bure dangereuse.
Nous descendons le plateau jusqu'à l'observatoire, la combe Ratin est en effet bien enneigée mais cela nous arrange car nous avons juste à nous laisser glisser. Nous visons les névés pour prolonger la glisse avant de reprendre le chemin caillouteux. La descente est rapide et se fait finalement très bien et nous retrouvons la cabane du vallon de l'Âne.
Nous sommes tous les deux comblés par cette sortie à l'ambiance unique et à l'itinéraire astucieux et audacieux pour l'époque. Une très belle voie qui vaut le détour !